Qu’est-ce qu’un kyste mucoïde ?

Le kyste mucoïde est une tuméfaction naissant à l’articulation du bout des doigts, à proximité de l’ongle : l’articulation interphalangienne distale (IPD). Il fait partie des kystes synoviaux ou ganglionnaires courants (affectant également le poignet ou le genou). Sa poche se remplit d’un liquide épais et gélatineux de couleur claire.

Si son apparition peut être soudaine, son évolution peut s’effectuer sur des mois voire des années. Quelquefois douloureux, il peut concerner un ou plusieurs doigts et causer la déformation de l’ongle à la suite de sa propagation dans le lit de ce dernier.

Généralement bénin, ses complications naissent surtout de la compression d’éléments sous-jacents ou de sa perforation (fistulisation) qui pourrait engendrer des infections telles qu’une arthrite ou une ostéoarthrite.

Apparaissant le plus souvent sur les articulations sujettes à l’arthrose, cette affection peut également survenir après l’envahissement par le kyste mucoïde.

Kyste mucoïde : les symptômes

Apparence

Visible à proximité de l’articulation IPD du doigt sous forme d’une petite bosse arrondie, immobile, ferme ou molle et couverte de peau translucide, le kyste mucoïde touche le plus souvent l’index, même si plusieurs doigts peuvent le présenter.

Dans certains cas, il peut ne présenter aucun signe superficiel observable et ne se déduit que par la présence d’un sillon unguéal anormal (déformation de l’ongle). Ce dernier peut en effet apparaître avant le kyste du fait qu’il se loge dans le récessus unguéal proximal. Celui-ci serre alors la matrice de l’ongle qui, en étant comprimée, donne cet aspect creusé. Cette altération peut s’améliorer après la disparition de la tuméfaction.

Une apparition brusque (plus rare) comme une évolution progressive sur une longue période peuvent se présenter.

Douleur ou gêne

Cette affection ne provoque pas des douleurs ou des gênes dans la plupart des cas. Toutefois, selon son stade ou sa taille, des maux occasionnels d’intensité variable peuvent se noter pendant les activités normales quotidiennes.

Fistulisation

Une ulcération du kyste pour s’épancher à l’extérieur peut survenir et causer une infection. La fistulisation ou rupture peut se produire à la suite d’un acte médical ou spontané, le risque étant l’invasion bactérienne de l’articulation ou l’arthrite. C’est pourquoi son maniement en dehors d’une démarche thérapeutique (manipulation, perçage, etc.) est fortement déconseillé.

Origines et conséquences du kyste mucoïde

Même si son origine exacte reste méconnue, une association avec une pathologie articulaire dégénérative comme l’arthrose et la polyarthrite rhumatoïde de l’articulation IPD constitue à 75 % la cause la plus commune du kyste mucoïde. En conséquence de l’usure mécanique ou d’un ancien traumatisme, la dégradation du cartilage se suit par l’apparition pointes osseuses appelées ostéophytes qui fragilisent et finissent par percer le tendon extenseur à son extrémité. La synovie ou le liquide articulaire se déverse alors pour former le kyste mucoïde.

À la différence des kystes synoviaux du genou ou du poignet, il n’est pas de nature indépendante et isolée de la peau, mais infiltre petit à petit les couches dermiques jusqu’à son ramollissement et sa rupture.

À l’éclatement de la poche synoviale, on retrouve un écoulement de liquide clair à l’apparence gélatineuse, et le niveau de risque d’émergence d’une arthrite septique s’avère élevé.

L’âge moyen de prépondérance se situe après 60 ans et cette pathologie touche plus souvent la femme.

Diagnostic : d’autres analyses sont-elles nécessaires ?

Le diagnostic du kyste mucoïde s’effectue en consultation lors de l’examen clinique. Le médecin observe le gonflement caractéristique, d’un plus ou moins important volume, à l’extrémité du doigt. Il peut s’accompagner d’une déformation de l’ongle (voir les symptômes).

Un questionnaire sur les symptômes et les antécédents médicaux du patient doit être mené avant de procéder à une analyse plus approfondie.

Afin d’estimer la gravité de l’arthrose associée, une radiographie peut compléter le diagnostic pour détecter un éventuel dégât (pincement articulaire, ostéophyte latéral, une dislocation articulaire de face).

D’autres examens comme l’échographie, la tomodensitométrie ou l’IRM terminent si besoin le diagnostic pour évaluer le kyste et l’état de l’articulation affectée de manière à pouvoir définir le meilleur traitement à adopter.

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Traitement : la chirurgie est-elle obligatoire ?

Le traitement varie selon le stade, la taille, les douleurs ou les gênes provoquées par le kyste mucoïde.

Le kyste est au stade de début

De petit volume, indolore et n’ayant pas engendré une déformation unguéale, il ne nécessite aucun traitement spécifique. Néanmoins, cette phase doit s’accompagner d’une surveillance.

Par ailleurs, les traitements non chirurgicaux tels que la ponction ou l’infiltration, le percement, le brulage à l’azote liquide, l’application de pommades, le traitement au laser ou à la neige carbonique s’avèrent inefficaces. En effet, non seulement ils entraînent les facteurs d’infection du fait de la fragilisation de la peau, mais ils favorisent également les risques de récidive.

Le kyste mucoïde a atteint une phase évoluée

Le traitement non chirurgical

Lorsque le kyste mucoïde est bien formé ou atteint un important volume, la peau peut devenir translucide et se rompre. Une ouverture directe vers l’articulation distale peut alors développer une infection. Si le cas se présente, les antibiotiques oraux et locaux doivent rentrer en jeu et le doigt affecté être aseptisé dans un pansement.

Si malgré ces procédés l’articulation s’infecte, l’excision chirurgicale doit avoir lieu. Elle peut également se réaliser à la demande du patient à cause de l’aspect inesthétique de l’enflure sur le doigt.

Le traitement chirurgical

Il devient nécessaire, voire incontournable, dans les cas suivants :

  • Le kyste mucoïde a envahi l’ensemble des strates de la peau
  • Il est douloureux et gênant
  • Il est devenu volumineux, fistulisé, ou a causé la déformation de l’ongle
  • Le patient souffre d’arthrose grave associée au kyste, on doit alors procéder à une arthrodèse (blocage de l’articulation), car l’exérèse seule de la tuméfaction ne suffit pas pour stopper les douleurs.
  • Si l’arthrose ne fait que débuter et n’engendre ni douleurs ni déformation, le traitement des ostéophytes sources du kyste s’effectue en parallèle avec son excision (émondage).

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Déroulement de l’opération

Elle se réalise en règle ambulatoire (le patient peut sortir le jour-même de l’intervention) sous anesthésie locale et consiste en une excision complète du kyste ainsi que des ostéophytes à sa base. La fermeture de la brèche articulaire peut également avoir lieu.

Les régions arthrosiques peuvent être abrasées pour réduire le frottement et les risques de récidive. Toujours dans cette optique, le chirurgien peut pratiquer l’excision de la capsule articulaire pathologique en faisant très attention au tendon extenseur. Le lavage articulaire et la synovectomie intra-articulaire doivent également se faire.

La mince peau recouvrant le kyste sera enlevée et éventuellement remplacée par un lambeau (prélevé à proximité de la zone opératoire) ou par une greffe de peau totale.

Résultats et phase postopératoire

La cicatrisation prend environ 2 à 3 semaines et on peut espérer un résultat esthétique au bout de 3 mois. La reprise de la mobilité des doigts est toutefois immédiate sous réserve de la nécessité d’une attelle transitoire. Le suivi des pansements, la prise d’antidouleurs et les contrôles sont prescrits au cas par cas par le chirurgien, mais généralement :

  • Les pansements se renouvellent tous les 2 jours pendant 2 à 3 semaines.
  • Le massage de la cicatrice 2 fois par jour pendant 5 minutes après le retrait des fils est recommandé.
  • La convalescence peut s’imposer en fonction de la profession.

Bien que les résultats soient souvent excellents et les complications rares, les risques de récidive ou d’apparition d’un nouveau kyste à proximité ne sont pas exclus.

Les risques de complications

La récidive reste le risque le plus récurrent après l’exérèse du kyste mucoïde. Normalement, la greffe de peau ou d’un lambeau pour couvrir la zone affectée réduit celui-ci.

On peut également constater des difficultés ou des retards de la cicatrisation, le cas plus grave étant la nécrose ou la mort de la greffe/du lambeau. Le tabagisme semble favoriser ces complications.

L’apparition d’hématome, qui généralement se résorbe spontanément, peut éventuellement requérir une ponction pour évacuer le sang ou un drainage chirurgical.

L’invasion bactérienne ou l’arthrite concerne principalement les kystes rompus ou qui ont déjà bénéficié de traitements locaux autres que chirurgicaux. Le cas échéant peut nécessiter une nouvelle opération.

La raideur articulaire ainsi que les douleurs ressenties résultent plutôt de l’arthrose que de l’intervention elle-même. Toutefois, une cicatrice épaisse, écarlate et sensible durant quelques semaines constitue une étape normale postopératoire.

Par ailleurs, l’arthrose sous-jacente peut progresser négativement en réduisant la mobilité, déformant le doigt, augmentant le volume de l’articulation, causant des douleurs en mouvement.

Le gonflement, l’inflammation accompagnée de transpiration, la raideur de la main doivent signaler une algodystrophie. Son avancée peut s’étaler sur plusieurs mois et peut occasionner des douleurs subsistantes, la persistance des rigidités au niveau des doigts, du poignet, voire de l’épaule.

Une atteinte profonde d’un nerf du poignet (par exemple claustré dans un tissu fibreux cicatriciel) est rare, mais s’enregistre parmi les cas rapportés.

Enfin, la naissance d’autres kystes sur les autres doigts, puisque l’arthrose en atteint généralement plusieurs, fait aussi partie des complications possibles.

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Les points à retenir

  • Type d’intervention: chirurgie en règle ambulatoire
  • Durée de l’opération: environ 30 minutes
  • Type d’anesthésie: local
  • Résultats: mobilité immédiate avec éventuel port d’attelle pendant une dizaine de jours
  • Complications notables : récidive, infection

Qui consulter pour un kyste mucoïde ?

Si vous soupçonnez un kyste mucoïde, nous recommandons de consulter votre médecin généraliste pour le diagnostic, il vous redirigera vers un chirurgien suivant le stade de votre kyste.

En consensus avec le chirurgien et selon le rapport avantages/risques, il vous proposera ou non une excision de votre kyste.

Un examen préanesthésique doit obligatoirement et préalablement accompagner toute décision d’opérer.

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